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Scope 3 : Repenser l’économie de l’entreprise

Lorsqu’il est correctement mené, un bilan carbone va bien au-delà de la mesure des émissions de gaz à effet de serre : il permet d’initier une transformation structurelle des organisations. Cette transition devient particulièrement visible avec le Scope 3, qui constitue souvent la part la plus complexe – mais aussi la plus significative – des émissions totales d’une entreprise.

Le Scope 3 : une remise en question en profondeur

Contrairement aux émissions directes (Scope 1) ou aux consommations énergétiques (Scope 2), le Scope 3 englobe l’ensemble des émissions indirectes, en amont et en aval de l’activité d’une organisation. Cela inclut :

  • la production et le transport des matières premières,
  • l’usage et la fin de vie des produits,
  • les services externalisés,
  • les déplacements professionnels et pendulaires,
  • la gestion des déchets, etc.

En analysant ces postes d’émissions, les entreprises sont amenées à réinterroger leurs chaînes de valeur et à aborder des dimensions souvent absentes des bilans comptables classiques :

  • L’origine géographique et sociale des intrants,
  • La durabilité et la réparabilité des produits,
  • Les conditions de travail chez les fournisseurs,
  • Le rôle de l’entreprise dans les dynamiques de consommation.

Une dynamique de transition ancrée dans les valeurs

Ce travail ne se limite pas à la technique. Il conduit à redécouvrir des principes clés, souvent relégués au second plan dans les modèles économiques linéaires :

  • Relocalisation des approvisionnements,
  • Allongement de la durée de vie des biens,
  • Modèles d’affaires circulaires,
  • Responsabilité sociétale dans la chaîne d’approvisionnement,
  • Création de valeur environnementale et sociale à long terme.

Ainsi, le Scope 3 devient un levier stratégique pour intégrer la durabilité dans la gouvernance d’entreprise. Il agit comme un révélateur des interdépendances économiques, sociales et environnementales.

Vers une comptabilité élargie et responsable

Dans un contexte de montée des exigences réglementaires (directive CSRD, taxonomie européenne, standards ISSB), la prise en compte du Scope 3 devient un indicateur central de maturité ESG. Il ne s’agit plus seulement de compenser ou d’optimiser, mais de transformer les modèles de production et de consommation à la racine.

La comptabilité carbone, dans cette optique, s’inscrit dans une logique de gestion des risques, d’anticipation stratégique et de création de valeur durable.

Conclusion
Mesurer le Scope 3, c’est accepter une certaine complexité – mais c’est aussi ouvrir la porte à des transformations durables et structurelles. Pour les organisations qui souhaitent véritablement s’engager dans la transition écologique, intégrer les émissions indirectes dans leur stratégie climat est aujourd’hui incontournable.